Blogue de Lyne Robichaud

30 novembre 2008

Pas de nouvelle, bonnes nouvelles?

Poulets d'un élevage. Photo Patrick Bernard | Agence France-Presse

Depuis le 27 novembre dernier (lorsque le Dr Henry Niman de Recombinomics) nous a informés que l'Organisation mondiale de la santé avait déployé une équipe à Makassar, en Indonésie, pour surveiller la situation, nous sommes sans nouvelle du groupe de cas composé alors de 19 patients suspectés d'avoir contracté le H5N1.
Quand l'OMS se déplace pour enquêter, c'est qu'il y a potentiellement anguille sous roche... Voir L'OMS surveille le H5N1 à Makassar en Indonésie.

Étant donné que nous nageons dans le nébuleux, je me dis qu'il est arrivé que des équipes de cette agence se déplacent sur le terrain par le passé, et il ne s'est rien produit de fâcheux. Peut-être ces gens ont-ils des doigts de fée?

Entre temps, il y au la fête de l'Action de grâce célébrée aux États-Unis.

Et bien entendu, les nouvelles ont tendance à être moins nombreuses au cours du week-end.

À la veille du Sommet sur le partage des souches, qui débutera dans quelques jours à Genève (organisé par l'OMS), cette apparente "collaboration" entre l'agence et cette nation conduira peut-être à une heureuse résolution.

Davantage de transparence serait bien accueillie, bien entendu. En autant que le virus soit contenu, c'est l'essentiel. Pour le
reste, je ne suis pas certaine que les choses changent tellement. Mais on ne sait jamais. Par exemple, je pleurais sur la politique canadienne depuis les élections tenues il y a 6 semaines, et on dirait qu'il se pointe beaucoup de changements à l'horizon. Un revirement inattendu pourrait avoir lieu d'ici quelques jours. Une mouche pourrait-elle aussi piquer les agences internationales à un moment donné? Seul l'avenir le dira!

26 novembre 2008

Lendemain de veille: c'est "désespérant"

J'ai essayé d'écouter tant bien que mal le débat des chef télévisé hier soir, à travers les cris d'un enfant qui s'arrange toujours pour tenter d'attirer l'attention lorsque je m'installe devant le téléviseur. Vous devinerez que je n'écoute donc pas très souvent le petit écran.

"Les Québécois ont dû pleurer de désespoir pendant les dernières 30 minutes: chaque chef a ressorti son vieux disque constitutionnel des années 1970, alors que de toutes parts on sonne l'alarme sur la crise économique imminente. C'est désespérant", indique ce matin J. Jacques Samson dans le Journal de Québec.

"C'est désespérant": c'est exactement ainsi que je perçois la situation des préparatifs pandémiques au Québec! Avec des leaders de la sorte, nous ne sommes pas sortis du bois. Si c'est vrai pour la crise économique imminente, je ne vois pas pourquoi cela ne s'appliquerait pas aussi aux préparatifs de pandémie... Il ne surgira pas soudainement d'autres leaders que ceux qui sont là présentement. S'ils ne réussissent pas à identifier des pistes possibles de solution pour la situation économique, seront-ils en mesure de le faire face à la menace de pandémie?

Ma seule consolation (si on peut appeler cela ainsi), est une phrase prononcée par Pauline Marois, dans le contexte de Caisse de dépôt et de placement. Je trouve toutefois que cela s'applique parfaitement bien au dossier de pandémie:


Photo source

«On vit une situation exceptionnelle,
il faut qu'il y ait des informations
qui soient données aux Québécois»

Pauline MAROIS
Chef du Parti Québécois
Gouvernement du Québec

Source: Marois déplore le silence de Charest sur la Caisse, par Alexandre Robillard, La Presse canadienne, 26 novembre 2008

21 novembre 2008

Le succès des stratégies de mouvements sociaux de Marshall Ganz de la campagne de Barack Obama


Marshall Ganz. Photo source

Marshall Ganz, est conférencier sur les politiques publiques à la Harvard Kennedy School. Il écrit à propos du leadership, de l’organisation et des stratégies de mouvements sociaux, d’associations civiles et politiques. Dernièrement, il a conçu les systèmes de formation d’organisateurs et de bénévoles sur le terrain, qui ont eu pour effet de transformer les bénévoles impliqués dans la campagne électorale de Barack Obama en véritables leaders organisationnels.

Voici un extrait d’une interview de Marshal Ganz à On the Media, où il mentionne qu’il faut laisser les gens dire leur propre récit, leur permettre de dire pourquoi elles aiment (tel politicien, telle cause), au lieu de les obliger à chanter la même chanson officielle imposée par un parti, un gouvernement, ou une corporation:
«Ce que nous les avons aidés à comprendre est que la première chose qu'elles doivent apprendre est comment articuler leur propre histoire, en d'autres termes, ce qui les a motivées à se déplacer pour s’impliquer et s’engager, parce que c’est grâce à leur propre histoire qu'elles vont pouvoir engager le plus effectivement d'autres personnes. Alors lorsque les personnes s’en vont [sur le terrain], elles sont outillées pour le faire. Cela est en quelque sorte la pièce maîtresse [de la stratégie].

Et dans la série initiale que nous avons fait en Californie, nous avons formé 200 équipes dans un intervalle de deux week-ends, avec le soutien de quatre employés. Nous avons érigé une opération massive, au point où il pourrait s’effectuer jusqu’à 100,000 appels téléphoniques par jour. Cela ressemble à un investissement dans des capitaux «civils» et dans des communautés locales, qu’aucune campagne politique n’a déployé depuis des années.

La droite a tiré bénéfice de l’enracinement dans les mouvements sociaux. C’est ce que les mouvements sociaux font. Ils traduisent les valeurs en actions; ils poussent les gens à travailler ensemble.

Tout le monde s’est mis à faire du marketing de leur cause, de leurs candidats, comme s’il s’agissait d’une autre marque de barre de savon, transformant les gens, de citoyens en consommateurs.

Ce que nous avons fait est que nous avons ramené la citoyenneté et que nous avons redonné du pouvoir aux gens, en plaçant les outils dans leurs mains.»
Empowerment. C’est le mot qui me vient à l’esprit.

Si on applique ces stratégies gagnantes à des préparatifs pandémiques multisectoriels (sociaux, économiques et politiques), il faudrait d'abord que les gouvernements fassent davantage confiance aux gens, et qu’ils cessent de tout vouloir contrôler.

Contrôler l’information, contrôler la manière dont doit être diffusé le message, contrôler la manière dont doit s’articuler les politiques de mesures d’urgence, contrôler des projets. Il faudrait que les autorités cessent de tout vouloir contrôler, si nous voulons avoir une chance de traverser une pandémie en limitant les dégâts. Un jour où l’autre, les États vont devoir accepter de collaborer avec la population, et de confier des responsabilités et des projets à des communautés.

On dirait qu'on est rendus là dans les préparatifs pandémiques mondiaux. David Nabarro de l'ONU, et la Banque mondiale, avec le 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire, recommandent maintenant d'ajouter plusieurs nouveaux éléments, dont un volet SOCIAL à la préparation en vue d'une pandémie. Nous ne savons pas trop exactement ce que SOCIAL signifie aux yeux des agences onusiennes. Il est probable qu'en 2009, les recommandations seront mieux définies et que des outils seront proposés aux États membres.

L’exemple du succès des stratégies déployées par Marshall Ganz pourrait être retenu. Ces systèmes gagnants pourraient sans doute s’appliquer aux préparatifs pandémiques multisectoriels.

20 novembre 2008

Des exercices de simulation de pandémie risquent de soulever de nombreuses problématiques


Jamie Grill, Tetra image, libre de droits, #82137051

Jusqu’à présent, la majorité des nations du monde se sont contentées de rédiger des plans de lutte à une pandémie, sans pousser trop en avant la réflexion. Le 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (voir Synopsis en français), piloté par David Nabarro, coordonnateur du système des Nations unies pour la grippe, a indiqué que seulement 35% des nations avaient amorcé des simulations pour mettre à l’épreuve leur planification.

David Nabaro a déclaré le 13 novembre dernier, lors d’une conférence prononcée au Centre for Strategic and International Studies, qu’il évaluait l’état de préparation mondial de pandémie à 40% de l’objectif global. Il a précisé qu’il est en mesure de défendre cette estimation, qui s’appuie sur les travaux réalisés dans le cadre 4e Rapport intérimaire mondial. Je vous invite à consulter mon billet à ce sujet.

Nous pouvons entrevoir que la prochaine étape de préparation en vue d’une pandémie sera donc de multiplier les tests et exercices de simulation, et de dégager des conclusions de ces activités. Le plus grand défi sera ensuite d’intégrer les apprentissages dans la planification, de réécrire et modifier les plans de lutte. C’est une chose d’identifier des problématiques, mais c’en est une autre de trouver des solutions…

Je remercie Anne d’avoir publié des notes dans Facebook à propos de deux études récentes en lien avec des exercices de simulations de pandémie. Ces études ont révélé des problématiques concernant les équipements de protection personnelle (PPE) et des guides de contrôle de l’infection.

Dans la pratique, il s’avère difficile d’intégrer ces éléments aux diverses tâches quotidiennes des professionnels de soins de santé. Les conclusions de ses deux études semblent défier certaines des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, et remettent même en question la manière dont les soins et services sont actuellement délivrés.

Ces études mettent le doigt sur quelque chose d’assez inquiétant. Comment s’articuleront les pistes de solutions? J’ai bien hâte de voir la suite, et j’espère que nous (humanité) réussirons à solutionner ces problématiques.

Personal protective equipment in an influenza pandemic: a UK simulation exercise
[Équipement de protection personnelle dans une pandémie d’influenza: un exercice de simulation au Royaume-Uni]

N.F. Phina, A.J. Rylandsb, J. Allanb, C. Edwardsb, J.E. Enstonec and J.S. Nguyen-Van-Tamd

Sommaire

[TRADUCTION] L’expérience demeure limitée quant aux impacts financiers et opérationnels que l’adoption d’un guide de contrôle de l’infection de l’influenza pandémie au Royaume-Uni aura sur l’utilisation d’équipement de protection personnelle (PPE), les patients et le personnel. Nous avons tenté de cerner ces questions lors d’un exercice réel survenu dans un hôpital du nord-est de l’Angleterre.

Lors de cette simulation de 24 heures, tout le personnel d’une unité de soins généraux graves a porté des PPE et a adopté les procédures décrites dans le guide de contrôle de l’infection d’influenza pandémique du Royaume-Uni. Des équipes d’infirmière de contrôle de l’infection ont observé et noté le comportement du personnel et leurs pratiques pendant la simulation, incluant l’attitude du personnel à propos de l’utilisation des PPE.

Quoique les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé sur la probable utilisation de PPE de haut calibre (masques FFP3) se sont avérées excessives, davantage de gants et de masques chirurgicaux que prévus ont été utilisés. En dépit de formation pré-simulation, plusieurs employés manquaient de confiance dans l’utilisation des PPE et concernant la marche à suivre des mesures de contrôle de l’infection. Ils ont découvert que les PPE étaient inconfortables, et que même les tâches les plus élémentaires prenaient plus de temps à être effectuées.

De grandes quantités de rebus cliniques ont été générées: 12 sacs additionnels (soit 570 litres) de plus par jour.

Les estimations d’utilisation de PPE réalisées lors de cette simulation défient les évaluations que de grandes quantités de PPE de haut niveau sont requises, avec de considérables implications des budgets de soins de santé. Un programme d’éducation continue de contrôle de l’infection est nécessaire.

Les soins de santé, en situation de pandémie, ne consistent pas simplement à appliquer un guide de contrôle de l’infection de l’influenza pandémique à la pratique courante; les hôpitaux auraient besoin de considérer changer la manière dont les soins et les services sont délivrés.
La seconde étude pointée par Anne dans Facebook est celle-ci (mais je n’ai pas traduit le texte, que je vous invite à consulter en anglais):
Respirator-Fit Testing: Does It Ensure the Protection of Healthcare Workers Against Respirable Particles Carrying Pathogens?

Les conclusions de ces études démontrent qu'il est nécessaire de tester les plans d'urgence, qui pourraient ne pas tenir la route si les États ne trouvent pas le moyen de les ajuster et d'y intégrer les apprentissages résultant des exercices de simulation (ce que David Nabarro ne cesse de répéter, d'ailleurs).

Je me demande ce que la dernière phrase de l'étude britannique signifie exactement, et quelles en sont les implications: «Les hôpitaux auraient besoin de considérer changer la manière dont les soins et les services sont délivrés».

Quant au grand nombre de déchets produits, ce genre d'information est intéressant. Il pourrait y avoir des interruptions de services de gestion des déchets en temps de pandémie. En fait, cette étude est des plus intéressantes, et j'espère que d'autres planificateurs (en dehors de ceux du Royaume-Uni), en prendront connaissance. Y compris des gens du Canada et Québec!

Repenser totalement la manière dont les soins sont délivrés... Je n'arrive toujours pas à visualiser cela dans ma tête... Je retiens que la manière actuelle est trop compliquée. A priori, gérer un virus mortel ultra contagieux ne sera pas simple. Revoir de A à Z nos systèmes modernes de santé n'est pas une mince tâche!

Autre question: Si des simulations indiquent que le type de planification proposé par l'OMS comporte des failles, combien d'années cela prendra-t-il avant que cette réalité ne soit intégrée dans les directives globales?


Si les gens oublient ce qu'ils apprennent en formation au bout de 6 mois, cela n'est pas de bon augure. Je croyais les médecins et infirmières particulièrement bons avec leur mémoire (ces gens ne doivent-ils pas retenir des milliers de données?) Au Québec, les infirmières ont demandé au ministre de la Santé de mettre sur pied une formation particulière pour les infirmières en soins de maladies infectieuses: ce programme collégial a été refusé... (voir
L'Ordre revient à la charge - Les infirmières veulent développer une spécialité en infectiologie - Le Devoir, 4 novembre 2008).

En réfléchissant à cette histoire d'oubli des formations qui concernent une pandémie, j'ai pensé que mon cerveau (je parle pour le mien évidemment!) a une fâcheuse tendance à oublier ce qui n'est ni nécessaire ni important.

Peut-être que les personnes formées ne considèrent pas l'information relative à une pandémie suffisamment importante pour s'en rappeler? Je me demande si l'attitude des autorités gouvernementales joue sur ce tableau. Par exemple, quand on ne CROIT PAS qu'une chose puisse nous arriver, pourquoi faudrait-il se RAPPELER de protocoles nouveaux et compliqués? Si des professionnels de la santé ne pensent pas que ces formations leur seront utiles, alors je peux comprendre pourquoi leur mémoire leur joue des tours.

Nabarro: Les préparatifs pandémiques mondiaux accomplis sont si admirables qu’ils valent la peine d’être cités en exemple


David Nabarro. Source Getty Images, Daylife

Le mois de novembre s’achèvera dans quelques jours, et en décembre, la ville de Genève sera de nouveau le théâtre du Sommet mondial sur partage des souches du virus de l’influenza aviaire.

L’an dernier, à pareille époque, les nations ne sont pas parvenues à un accord à ce sujet. Reuters a rapporté:
«Les autorités de la santé n’ont pas réussi à conclure un accord de nouveau système pour assurer les pays en voie de développement de partager les virus de grippe aviaire employés pour développer des vaccins, a déclaré vendredi l’Organisation mondiale de la santé. «Personne n’est à blâme de ne pas avoir essayé... Nous étions si près, mais pourtant si loin», a déclaré la directrice générale de l’OMS Margaret Chan, lors de la session finale de quatre jours.»
L’Indonésie a demandé que les découvertes bénéficiant à l'ensemble des êtres humains ne puissent être brevetées. «L'Indonésie considère que, si les bénéfices tirés des échantillons [de virus] ne sont pas mis en commun, le dispositif actuel de partage des virus de la grippe n'est pas juste vis-à-vis des pays en voie de développement».

Les États-Unis ont demandé à tous les pays de partager leurs échantillons de virus de grippe aviaire «sans condition préalable».

Quant à la flamboyante ministre indonésienne de la Santé, Siti Fadilah Supari, elle ne s'est pas gênée pour faire la pluie et le beau temps au cours de la dernière année. [Vous pouvez consulter son dossier à cette adresse.]

Le monde entier retient son souffle, alors que les États membres se préparent à participer au sommet de Genève. Les nations réussiront-elles à s’entendre cette fois-ci? Combien d’échecs devront-nous essuyer avant qu’un accord acceptable pour toutes les parties soit rédigé et entériné?

Le 13 novembre dernier, le premier leader des préparatifs pandémiques a été invité à prendre la parole au Centre for Strategic and International Studies. À propos de l’impasse diplomatique concernant le partage des souches, il a tout d’abord annoncé qu’il y avait eu du «progrès» dans ce dossier, mais il a laissé le soin à l’ambassadeur John Lange de fournir des détails à ce sujet.

Mais John Lange n’a rien déclaré de bien substantiel, à part répéter la position des États-Unis, et faire une brève allusion à une résolution, qui stipulerait de «poursuivre le partage des souches, tout en offrant un éventail de bénéfices.» L’ambassadeur a indiqué que les résultats de cette proposition sont attendus en décembre. Toutefois, il n’a pu s’empêcher d'ajouter: «C’est frustrant. La souveraineté virale n’est pas appropriée pour le partage des virus. Nous sommes confiants que nous serons en mesure de faire adopter une résolution en décembre prochain

À la toute fin de la conférence, alors que le temps tirait à sa fin, et qu’il était prié par son hôte du CSIS de conclure, David Nabarro a déclaré, de manière posée, en pesant bien chaque mot:
«Nous ne disposons pas [aux Nations unies] d’instruments simples pour indiquer aux États comment révéler de l’information. Nous nous appuyons sur des positions volontaires. Les pouvoirs disponibles à l’OMS sont toutefois remarquablement puissants. Nous avons besoin de persuader grâce au dialogue. Mais cela est davantage le mandat de la Dre Margaret Chan, et je ne m’étendrai pas davantage à ce sujet.

Il n’existe pas actuellement de système de gouvernance mondial, alors c’est par la volonté commune qu’il y a engagement mutuel. Nous progressons. Et les préparatifs pandémiques mondiaux accomplis sont si admirables valent la peine d’être cités en exemple, pour la gestion de défis semblables. Ce succès repose sur un leadership fort.»
La recette de ce succès de coopération mondiale pourrait-elle être appliquée à d'autres problématiques internationales?

Répondant à une question portant sur les communications, David Nabarro a indiqué:
«Aucun travail de préparatifs pandémiques ne peut avoir du succès sans la pleine implication des communautés. Si les gens ne deviennent pas des partenaires, les États vont échouer. S'il y a absence de collaboration, s'installera alors la méfiance. Celui qui reçoit l'information officiel [le citoyen] ne vaut pas moins que son expéditeur [l’État].»
Ces sages paroles de Nabarro m'ont impressionnée. Peut-être est-ce très courant dans le langage diplomatique de parler ainsi... Toutefois, je ne peux m'empêcher de remarquer une notable progression dans les déclarations du premier leader en matière de préparatifs pandémiques. Depuis octobre dernier, il s'est fait plus présent dans l'actualité. À peine deux semaines après la tenue de la 6e Conférence ministérielle qui s'est tenue en Égypte, il a présenté son plan d'action au CSIS.

Celles et ceux qui sont préoccupés par l'avènement d'une pandémie d'influenza n'ont guère d'espoirs auxquels s'accrocher. Il faudra attendre avec patience le déroulement des événements pour observer l'impact qu'aura le discours de David Nabarro sur le développement des préparatifs pandémiques mondiaux.

J'ose espérer qu'en 2009, avec la nouvelle ronde de préparatifs multisectoriels que l'ONU et la Banque mondiale souhaiteraient voir se déployer, les choses iront mieux pour nous, les «gens du Flublogia», ainsi que pour les communautés et membres de la société civile qui s’intéressent aux préparatifs pandémiques, et qui souhaiteraient y mettre la main à la pâte.

J'ose également espérer que la
«pleine implication des communautés» dont parle David Nabarro se réalisera, y compris au Canada et au Québec.

VOIR AUSSI MES AUTRES BILLETS
> David Nabarro évalue l'état de préparation mondial de pandémie à 40% de l'objectif global

> Nabarro: Le contrôle du H5N1 endémique nécessite d'adopter une approche élargie du système alimentaire

19 novembre 2008

Aux États-Unis, il est question du «premier président des médias sociaux», alors qu’au Québec, on regarde voler les mouches


Barack Obama. Photo source
If America recommits itself to science and innovation, then we can lead the world to a new future of prosperity and productivity. It’s about constantly raising the bar, so that we are more competitive.
«Si l'Amérique s'applique de nouveau à développer la science et l'innovation, alors nous pouvons conduire le monde à un nouveau futur de prospérité et de productivité. Il s'agit de constamment monter la barre d'un cran, afin de nous maintenir compétitifs.»
[Barack Obama – The Blueprint for change: Technology]
Le Los Angeles Times a publié hier (18 novembre) l'article 'Obama, the first social media president', dans lequel on peut trouver trois vidéos des discours de Barack Obama, dont celui portant sur la technologie.

S’il était possible d’avoir un semblable leadership, ici, au Québec, nous irions loin…

Pendant que nos voisins du sud se préparent à ce que soit nommé le tout premier 'Chief of technology officer', c’est une autre paire de manche du côté des Québécoises et des Québécois. Nathalie Collard, de La Presse, a écrit le 16 novembre dernier à propos de la présente campagne électorale provinciale:
«Les téléphones cellulaires sont silencieux, les télé-avertisseurs ne vibrent pas, les écrans d'ordinateur restent étrangement vides. Quelques pancartes électorales ont fait leur apparition sur les poteaux, et des messages publicitaires font leurs débuts à la télévision. On se croirait dans une campagne électorale des années 80, au siècle dernier...

D'accord, les chefs des partis politiques n'ont pas tous la fibre techno, on ne peut pas [le] leur reprocher. Mais leurs stratèges, eux? Comment se fait-il que les partis politiques n'ont pas embauché une équipe de petits génies de l'informatique pour concocter une campagne électorale virtuelle?

D'accord, nous ne sommes pas aux États-Unis et la campagne actuelle ne suscite pas le quart du dixième de la passion et de l'intérêt soulevés par la campagne américaine.

Justement, l'utilisation de la techno lui donnerait peut-être un peu de piquant?

Aux États-Unis, la seule diffusion de la soirée électorale, en particulier sur les ondes de CNN, était en soi une performance technologique: tableaux high-tech, cartes interactives, hologrammes futuristes... Pendant ce temps, au Québec, on discute durant des jours et des jours de la forme que prendra le débat: assis autour d'une table ou debout derrière un lutrin. Zzzzzz....»
Barack Obama a déclaré qu’il souhaitait «créer une démocratie transparente et connectée». Il veut permettre à la société civile de participer à des forums gouvernementaux.

Il a indiqué qu’il voulait «relâcher la puissance de la technologie», en fournissant un accès en ligne aux données gouvernementales, en posant des questions aux citoyens en temps réel, en permettant des commentaires à propos des lois avant qu’elles ne soient signées, en fournissant un accès universel à Internet, en branchant les écoles, les bibliothèques et les hôpitaux, en encourageant l’apprentissage technologique, et en employant la technologie pour solutionner les problèmes les plus pressants de la nation.

Nous sommes en pleine campagne électorale provinciale, et il s’est élevé des revendications en faveur d’une gouvernance numérique. Michelle Blanc, expert québécois en stratégie de gestion et marketing Internet, a annoncé aujourd’hui qu’elle était invitée à participer à la très populaire émission «Tout le monde en parle» cette semaine. Michelle a reçu une pluie d’appuis et de commentaires, à la suite de cette annonce. Vincent a indiqué sur son blogue: «Je te fais confiance pour bien mener ta barque, afin [de] te faire apprécier [pour] ta franchise, ton humour, ton courage et [ton] professionnalisme.» Espérons que cette émission sensibilisera plus d’un décideur à la nécessité d’investir davantage dans la technologie au Québec.


Michelle Blanc assume son nouveau statut d'entrepreneure transsexuelle. Superbe photographie! Source Michelle Blanc

En ce qui concerne l'implantation d'une gouvernance axée sur les médias sociaux [voyez-vous mes yeux rouler vers le haut de mes orbites en ce moment même?]… il semble que ce ne soit pas pour demain. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que l'on entente le gouvernement du Québec encourager les citoyens à s'engager via les médias sociaux, et les inviter à former la pierre angulaire de la démocratie.

Je n’ai d’autre choix que de faire confiance au coureur, et espérer que les prestations de Michelle Blanc (et ses acolytes) suffiront à convaincre nos autorités gouvernementales québécoises rébarbatives au progrès technologique et à l’innovation.

Les campagnes d’immunisation contre l’influenza réalisées au Québec n’ont pas réussi à améliorer la performance depuis 2002

Le Devoir a publié un article préoccupant aujourd’hui, à propos des résultats mitigés obtenus lors des campagnes d’immunisation contre l’influenza. La performance du programme d’immunisation ne se serait apparemment pas améliorée depuis les six dernières années.

Or, ces trois dernières années, ces campagnes ont été réalisées en partenariat avec la firme BCP. Le ministre du ministère de la Santé et des Services sociaux a signé un contrat (renouvelable «automatiquement») avec la firme BCP, présidée par John Parisella, qui est également conseiller du premier ministre Jean Charest. Cette même firme a notamment réalisé la présente campagne de communication du Parti libéral du Québec, dans le cadre des élections générales, dont les urnes ont été fixées au 8 décembre prochain.

Le contrat de 2007-2008 de BCP, obtenu par le biais de la loi sur l’accès à l’information, précise: «L’exécution de cette convention s’élève à un maximum de 725,000$ pour la phase inter pandémique et la réalisation de la campagne saisonnière contre l’influenza.» La firme BCP est tenue d’effectuer la «planification stratégique, l’élaboration d’un plan de communication, le développement de concepts et la planification médias».

Moins de la moitié des personnes âgées ont été vaccinées contre l’influenza l’automne dernier, indique le Devoir. On pourrait s’attendre à des résultats semblables cette année.

Je me demande qu’est-ce qui ne tourne pas rond avec les campagnes de communications du tandem MSSS/BCP de John Parisella.

Je me demande également, si le contrat de la firme BCP, qui se terminait le 10 novembre dernier, a été renouvelé pour trois autres années consécutives. J’attends d’ailleurs à ce sujet une réponse d’une demande d’accès à l’information, déposée le 11 novembre dernier.

Il serait nécessaire que la lumière soit faite sur ces activités de «planification stratégique et d’élaboration de plans de communication», et qu’une analyse poussée tente de dégager des pistes de solutions, qui permettraient d’améliorer la performance des programmes d’immunisation au Québec.

Le tandem BCP/MSSS donne-t-il les résultats espérés, compte tenu des sommes d’argent du contribuable investies?

Et si les résultats s’avèrent mitigés pour les communications ayant trait à la grippe saisonnière, que sommes-nous en mesure d’espérer pour les communications ayant trait à l’influenza pandémique? Quand ce seront des millions de vies de Québécois qui seront en jeu, sous la menace d’un virus pandémique mortel, nos fameux stratèges actuels réussiront-ils à atteindre des résultats record de participation des citoyens aux programmes recommandés par l’État québécois?

Grippe et pneumocoque – Le vaccin est impopulaire chez les aînés
Mercredi, 19 novembre 2008 | Par Amélie Daoust-Boisvert | Le Devoir

[Extrait]

«Nombreux sont ceux qui ne «mettent pas leur antivirus à jour», pour reprendre le thème de la campagne du ministère de la Santé de cet automne pour inciter les personnes à risque à recevoir les vaccins contre la grippe et le pneumocoque. Malgré les campagnes des dernières années, à peine 58% des individus âgés de 60 ans et plus ont été vaccinés contre la grippe l'automne dernier. L'enquête de l'Institut de la statistique du Québec rendue publique hier révèle également que «la situation est préoccupante chez les 60 à 64 ans, dont l'immunisation n'a pas atteint la moitié». L'objectif étant de vacciner 80% des membres des groupes cibles, le rapport d'enquête affirme de plus que «la performance du programme ne s'est pas améliorée» depuis 2002.»

Source: www.ledevoir.com

18 novembre 2008

Le Québec se réfugie dans les ratons laveurs et ne souffle mot sur les Nations unies



Le site gouvernemental officiel Pandémie Québec du gouvernement du Québec, qui fournit des nouvelles d’actualités sur l'influenza aviaire au compte-goutte (il y a eu 7 nouvelles affichées sur la page d’accueil entre mars et novembre 2008, soit 7 nouvelles en 10 mois), a publié une nouvelle portant sur les ratons laveurs le 10 novembre dernier.

Les ratons laveurs pourraient jouer un rôle dans la transformation du virus aviaire
10 novembre 2008 | Pandémie Québec

D'après une étude parue dans le numéro de décembre de la publication «Emerging Infectious Diseases», les ratons laveurs peuvent contracter et répandre tant la souche humaine que la souche aviaire de la grippe.
Notez la rapidité de réaction de l’équipe de Pandémie Québec à mettre en ligne cette nouvelle, qui est sortie dans les fils de presse anglophones le 4 novembre. Seulement 6 jours plus tard, la nouvelle était reprise par l'équipe de Pandémie Québec. Comme quoi les fonctionnaires qui gèrent ce site sont capables de relayer dans un délai de temps relativement acceptable des nouvelles d’actualité portant sur l'influenza aviaire.

Notez également qu’il n’y a pas eu de nouvelle publiée dans Pandémie Québec à propos de la publication à la mi-octobre 2008 du 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (Synopsis en français), un travail réalisé conjointement par les Nations unies et la Banque mondiale, et piloté par David Nabarro, coordonnateur du système des Nations unies pour la grippe.

Il n’y a pas eu non plus de nouvelle publiée dans Pandémie Québec à propos de l’avènement de la 6e Conférence ministérielle internationale sur l'influenza aviaire et l'influenza pandémique, qui s’est déroulée les 25 et 26 octobre dernier à Sharm El-Sheikh, en Égypte.

Le site de Pandémie Québec ne souffle donc pas mot à propos des nouvelles directives des Nations unies et de la Banque mondiale, qui recommandent une préparation multisectorielle sociale, économique et politique, en plus du secteur traditionnel des préparatifs dans le milieu de la santé.

Les ratons laveurs ne se posent pas de question à propos du H5N1, et sont par conséquents peu enclins à demander que davantage de préparatifs pandémiques aient lieu au Québec.

Mieux vaut s’en tenir à ne parler que des ratons laveurs, si vous souhaitez qu’une population entière ne soit pas informée de ce qui s’impose mondialement comme étant la nouvelle norme en gestion de l'influenza aviaire et tendances de préparatifs pandémiques.

Nabarro: Le contrôle du H5N1 endémique nécessite d’adopter une approche élargie du système alimentaire

Paru le lundi, 17 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


David Nabarro. Photo source

Lors d’une conférence prononcée le 13 novembre dernier par David Nabarro, coordonnateur du système des Nations Unies pour la grippe, au Centre for Strategic and International Studies, il a été question d’une foule d’éléments et stratégies de développement des préparatifs pandémiques, qui permettraient d'arriver à combler l'écart de 60% de l'objectif général de l'état de préparation mondial en vue d'une pandémie.

Ces deux dernières années, le nombre de pays ayant déclaré des foyers d’infection d’influenza aviaire s’est considérablement réduit. Cela pourrait être attribuable à de plus amples préparatifs en vue d’une pandémie, à un système de surveillance plus développé, ou encore à une quelconque transformation du virus qui pourrait être en train de couver. Car avec l’influenza, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre...

Toutefois, la présente situation, avec le H5N1 passablement bien contrôlé dans la majorité des pays, à l’exception des endroits où il a été déclaré endémique, permet de resserrer l’approche de contrôle du virus et de concentrer les efforts et interventions aux emplacements où le contrôle s’est avéré plus difficile jusqu'à ce jour.

Là où la maladie est endémique, appliquer la traditionnelle stratégie d’abattage et de compensation des fermiers dont les élevages sont touchés par le virus, n’est de toute évidence plus suffisante pour contrôler l’influenza aviaire. Par ailleurs, cette stratégie prive des millions de gens, qui vivent souvent avec des ressources extrêmement limitées, d’avoir accès à une source de protéines et d’être privés de revenus. Il s’avère que cette approche ne peut être soutenue dans les pays avec H5N1 endémique, étant donné que les gouvernements et les citoyens pourraient ne pas être en mesure de l’endosser pour des raisons évidentes et fondamentales de lutte pour la survie.

Il semble donc se développer un consensus pointant vers une approche progressive s'appuyant sur l’économie de la maladie. Il n’y a pas eu à ce jour d’incitatifs économiques majeurs pour les pays aux marchés d’exportation avicole peu développé, qui auraient pu les pousser à maintenir un environnement dépourvu de la grippe aviaire.

Cette nouvelle approche des préparatifs pandémiques ne consisterait donc désormais plus à simplement détruire les élevages infectés (ou potentiellement infectés) par la grippe aviaire, mais à protéger l’investissement (dans le secteur avicole).

Nous pouvons donc assister à un changement de mentalité: une différente logique semble se profiler à l’horizon.


Toutefois, David Nabarro a indiqué qu’une problématique majeure devait être d’abord solutionnée avant de pouvoir régler celle du H5N1 endémique: il s'agit du mauvais fonctionnement du système alimentaire. «Il y a des éléments de notre système alimentaire qui ne fonctionnent pas, en particulier pour les populations sous le choc de catastrophes naturelles ou autres».


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Il a rappelé que l’impact de l’augmentation des prix du riz, du blé et du maïs a été dévastateur pour les gens les plus démunis de la planète. Ces personnes ont soudainement dû faire face à une facture beaucoup plus lourde des denrées alimentaires, alors qu’elles dépensaient déjà 60% de leurs revenus pour se nourrir. Cela a créé une situation désespérée, conduisant dernièrement au constat qu'il y a désormais un milliard de personnes sous le seuil de pauvreté dans le monde.

«Afin d’arriver à mieux soutenir les fermiers de petites entreprises avicoles à combattre le virus de l’influenza aviaire, nous devons d’abord adopter une approche élargie de la nutrition, l’alimentation et l’agriculture dans le monde», a-t-il déclaré.

«Nous demeurons extrêmement préoccupés qu’une crise économique puisse avoir un impact dévastateur sur la crise alimentaire mondiale», a conclu David Nabarro.

David Nabarro évalue l’état de préparation mondial de pandémie à 40% de l’objectif global

Paru le dimanche, 16 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


David Nabarro. Photo source

Le 13 novembre dernier, le Centre for Stategies and International Studies a invité David Nabarro (coordonnateur du système des Nations Unies pour la grippe) et l'ambassadeur John E. Lange (responsable de l’engagement des États-Unis avec les gouvernements étrangers et organisations internationales, pour aider à se préparer à la menace de pandémie) à parler de l’avancement et des défis des préparatifs de pandémie (visionnez la vidéo de cette conférence) .

Lors de cette conférence, d’une durée de 90 minutes, le premier leader en matière de préparatifs pandémiques fait le point sur la situation, quelques semaines après l’avènement de la 6ième Conférence ministérielle internationale sur l'influenza aviaire et l'influenza pandémique, qui s’est tenue à Sharm El-Sheikh, en Égypte, et à quelque temps d'une prochaine rencontre importante prévue en décembre à Genève, qui portera sur le partage des souches du virus de l'influenza aviaire.

Non seulement David Nabarro a-t-il remarquablement fait le tour de la situation mondiale – dans un contexte de crise économique -, mais il s’est avancé pour chiffrer (en pourcentage) l’avancement des efforts mondiaux des préparatifs pandémiques, une estimation qui à ma connaissance n’a encore jamais été publiée.


J. Stephen Morrison. Photo source

Répondant aux interrogations de J. Stephen Morrison, directeur, politiques de santé mondiale, au Centre for Stategies and International Studies, il a déclaré qu’il évalue à 40% de l'objectif global l’état de préparation mondiale en vue d’une pandémie. Il a précisé qu’il est en mesure de défendre cette estimation, qui s’appuie sur les travaux réalisés dans le cadre du 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire, en particulier sur les quelque 35% des pays préparés avec plans de pandémie ayant été testés.

Par ailleurs, David Nabarro a indiqué que les agences internationales avaient préparé un certain nombre de plans, qui seront mis en oeuvre en 2009, et qui devraient provoquer davantage de préparation. Il entrevoit que l’état mondial de préparation pourrait alors grimper à 60%, voire 70%, de l’objectif global.

Toutefois, il a souligné que l’état mondial de préparation demeure «très inégal». Il a mentionné l’Australie et Singapour comme ayant développé à un degré avancé leurs préparatifs. Il a indiqué que certains secteurs, tels que le secteur financier et le tourisme, ont tendance à être mieux préparés, étant donné qu’ils ont eu quelque mauvaise expérience avec le SRAS. Les militaires investissent davantage que d’autres dans les préparatifs de pandémie, de même que les pays ayant été touchés par l’influenza aviaire.

Les préparatifs en vue d’une pandémie ont d’énormes capacités de renforcement des systèmes de santé publique. La préparation à une pandémie demeure, aux yeux de David Nabarro, malgré un contexte de crise économique, un élément vital de sécurité nationale. Il insistera donc au cours des prochains mois pour que le financement des nations des activités de préparation à une pandémie soit maintenu. Mais il sait pertinemment qu’il pourrait avoir à se battre pour éviter des coupures budgétaires.

David Nabarro a également parlé des trois éléments entérinés par les 120 pays ayant participé à la Conférence de Sharm El-Sheikh:
> Poursuivre les efforts, avec une préparation multisectorielle, sociale, économique et politique. Au sein des pays, entre les pays, et avec les agences internationales. Nabarro a insisté sur ce point: cela nécessitera une action mondiale de même qu’un engagement considérable de groupes non gouvernementaux.

> Soutenir les efforts pour contenir le virus de la grippe aviaire, et ultimement, en venir à l’extermination du H5N1.

> Entreprendre des actions à long terme afin d'intervenir dans le cadre d'autres maladies émergentes.
Pourquoi devrions-nous être préoccupés par une pandémie? David Nabarro est conscient qu’il existera toujours des pressions pour financer des projets concurrents. Néanmoins, il a déclaré que le monde ne peut se permettre de délaisser les préparatifs de pandémie, puisque l’impact d’une pandémie s’avère tout simplement trop important. «Même en ces périodes tumultueuses, nous ne pouvons courir ce risque », a-t-il déclaré.

David Nabarro a également souligné le remarquable leadership des États-Unis: «Lorsque l’histoire sera écrite, il s’avèrera évident qu’une des influences majeures concernant les efforts sera provenue des États-Unis.»


John Lange. Photo source

John Lange, quant à lui, a déclaré: «Aucune nation, incluant les États-Unis, n’est vraiment prête pour une pandémie».

«Comment pouvons-nous ne pas nous préparer pour quelque chose de cette ampleur?», s'est-il interrogé.

«Conseiller» le premier ministre en vue d'une pandémie

Paru le mercredi, 12 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


John Parisella, président de la firme BCP. Photo source

Hier, nous étions le 11 novembre. Au Canada, nous célébrons le Jour du souvenir le 11 novembre, une journée de commémoration annuelle observée en Europe et dans les pays du Commonwealth pour commémorer les sacrifices de la Première Guerre mondiale ainsi que d'autres guerres.

Mais le saviez-vous? Le 11 novembre est également une autre grande date commémorative pour les préparatifs pandémiques québécois. Car le 11 novembre est le premier jour du contrat de services de «planification stratégique, d’élaboration de plans, et de développement de concepts portant sur la pandémie d’influenza», liant la firme BCP (présidée par John Parisella, conseiller du premier ministre Jean Charest), avec le Ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Cela fait trois ans que ce contrat est renouvelé, le 11 novembre de chaque année. Voici ce qu'a révélé le journaliste Denis Lessard de La Presse, en mai dernier:
"En trois ans, Québec aura versé presque 2 millions à l'agence BCP, à Montréal, pour produire un plan de communication, des documents d'information et une vigie médiatique en cas de pandémie.

Le contrat, obtenu après une procédure d'appel d'offres à la fin de 2005, était renouvelable automatiquement, au gré du ministre Philippe Couillard, pour les deux années suivantes. La Presse l'a obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information gouvernementale.

Ce contrat prévoyait un plafond de 725 000$ par année, qui n'a pas été atteint en 2006 et 2007, soit 525 000$ et 575 000$ pour ces deux premières années. Le ministère a budgété 725,000$ pour la dernière tranche, payable jusqu'en 2008-2009. Les factures pouvaient grimper rapidement, jusqu'à 2 millions par année, si la pandémie devenait une réalité."
On ne sait pas trop si ladite entente sera reconduite cette année, puisqu'au départ, il devait s'agir d'un contrat d'une durée de trois années.

Donc, pour en avoir le coeur net, j'ai déposé, en ce 11e jour commémoratif du mois de novembre, une demande d'accès à l'information, pour savoir si la firme de M. Parisella pourra ou non bénéficier d'un autre 725,000$/an supplémentaire (ou davantage) pour l'année 2008-2009, et les années subséquentes.
"En vertu de l'article 9 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, je souhaiterais savoir si le contrat entre la firme BCP (présidée par John Parisella, le conseiller du premier ministre Jean Charest) et le ministre de la Santé et des Services sociaux, qui se terminait le 10 novembre 2008, a été renouvelé. Pourrais-je en obtenir une copie? Il s’agit du contrat de services pour «concevoir et réaliser les activités portant sur la pandémie d’influenza en fonction des différentes phases».

Sinon, un projet de contrat de services de nature semblable a-t-il été défini dernièrement par appel d’offres? Quelle firme a été choisie pour fournir des conseils s’apparentant à ceux décrits dans le contrat BCP/MSSS?

Vous m’avez déjà fait parvenir copie du contrat pour les années 2005-2006, 2006-2007, ainsi que 2007-2008. Le contrat dont la durée s’étendait du 11 novembre 2007 au 10 novembre 2008 a été signé le 11e jour du mois de novembre 2007.

Dans le contrat BCP/MSSS, il est indiqué que la firme BCP devait être rémunérée «un maximum de 725,000$ pour la phase inter pandémique» pour de la «planification stratégique, l’élaboration de plans, et le développement de concepts». Quels ont exactement été les livrables d’activités portant sur la pandémie d’influenza de la firme BCP au cours de l’année 2007-2008? J’apprécierais être informée de tout document de planification en lien avec ces activités."
Par ailleurs, en consultant la revue de presse de la campagne électorale en cours, je suis tombée par hasard sur un article d'Infopresse, qui indique que la firme BCP a été mandatée pour réaliser la publicité de la campagne électorale du Parti libéral du Québec.
"BCP a créé la publicité du Parti libéral du Québec (PLQ), dirigé par le premier ministre sortant Jean Charest. La campagne repose sur la signature "L'économie d'abord, oui". BCP a assuré la stratégie publicitaire, la création audio et télé, et le placement médias, mais pas les publicités imprimées, ni ce qu'on appelle le "collatéral": dépliants, macarons, pancartes des candidats sur le terrain, etc. Le mandat de BCP ne comprenait pas non plus le web."
Le fait d'être à la tête de la campagne de publicité du Parti libéral du Québec n'a pas empêché le président de la firme BCP de signer une chronique dans le quotidien Le Devoir... qu'il a d'ailleurs signée en mettant un tout autre chapeau, celui de professeur associé à l'Université Concordia. Cette chronique a généré 23 commentaires de citoyens qui, pour la plupart, n'avaient pas l'air d'être trop contents de lire l'article de John Parisella, intitulé Le Québec stable. J'avoue que j'ai moi-même sursauté.

Toujours est-il que le métier de conseiller du premier ministre semble être assez lucratif, en plus de conférer une place de première loge dans les meilleurs quotidiens de la nation.

L’intérêt des chefs des partis politiques du Québec pour le Web 2.0 est inexistant

Le bruit commence à se répandre que l’intérêt des chefs des partis politiques du Québec pour le Web 2.0 est inexistant

Paru le mardi, 11 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com



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Nous sommes le jour 7 de la campagne électorale générale qui se déroule présentement au Québec. Les Québécoises et les Québécois se rendront aux urnes le 8 décembre prochain. Alors que les divers partis politiques se démènent pour séduire l’électorat, naturellement, vous devinerez qu’il n’est pas tellement question dans les discours électoraux de préparatifs pandémiques, et encore moins de reconnaissance des médias sociaux.

En ce qui a trait aux préparatifs de pandémie, on peut comprendre que le sujet fait peur, bien qu’il s’agisse d’une des 13 «questions urgentes» avec laquelle le président des États-Unis nouvellement élu, Barack Obama, ainsi que le Congrès américain, seront appelés à faire face au cours de la prochaine année. Une pandémie est la menace Numéro 1 des nations, a indiqué dernièrement l’Union européenne. Mais à peu près personne ne s’en préoccupe, ici, au Québec. Étant donné que la question a été à peine effleurée lors de la dernière campagne présidentielle des États-Unis, je ne m’attends guère à ce que le sujet enflamme des débats animés au Québec.

Mais la question des médias sociaux, quant à elle, mériterait d’avoir une place au sein des grands débats d’idées de la présente campagne électorale, car le Web 2.0 aura une incidence majeure et influence sur la société, et risque de modifier la manière dont se joue la démocratie.

Lorsque certains éléments ne se retrouvent pas dans les plate-forme des partis, plusieurs personnes profitent de ces temps électoraux pour mettre à l’avant leurs préoccupations.

Nous avons pu observer dernièrement un mouvement en faveur d’un plan numérique, piloté par Patricia Tessier, consultante en Stratégie et Marketing Internet, dont j’ai déjà parlé dans la Gazette de Zonegrippeaviaire. La lettre ouverte de Patricia Tessier, adressée au premier ministre, analyse la situation concernant l’économie numérique au Québec. En quelques jours seulement, le groupe «M. Charest, le Québec a besoin d’un plan numérique» a récolté de nombreux appuis et mentions sur Facebook et dans les médias.

Cela a même conduit à la création d’un wiki consacré à cette question, une initiative de Martin Comeau: www.unplannumeriquepourlequebec.com. Il est intéressant de voir que les revendications ont conduit à la mise sur pied d’un média social, comme solution collective qui permettra de «recueillir les suggestions, une façon efficace de définir un projet numérique rassembleur et collé à la réalité de la nation québécoise

Ces derniers jours, Patricia Tessier s’est penchée sur la relation des partis politiques aux médias sociaux dans son blogue.

Dans «Campagne électorale provinciale et Web 2.0» (publié le 10 novembre 2008), Patricia Tessier a d’abord défini en quoi consiste le phénomène des médias sociaux, avec statistiques à l’appui. La blogueuse nous confie par ailleurs une sorte de manuel d’instructions sur la façon de ce comporter dans cet univers virtuel

La blogueuse va plus loin aujourd’hui, dans «L’intérêt des chefs pour le 2.0 est inexistant!», et analyse la «présence anémique des partis politiques québécois sur les réseaux sociaux

Les habitués de ce site sont déjà au courant du déni des médias sociaux par l’administration Charest (car cela fait déjà six mois que j’en parle dans quasiment chacun de mes billets. Que voulez-vous, la situation me désole! Et alors que les mois passent, l'impasse gouvernementale persiste quant à elle, et les décideurs demeurent enfermés dans leur mutisme.

Je suis soulagée de constater que d’autres personnes se penchent elles aussi sur la position des autorités gouvernementales à propos du Web 2.0.


Qui sait? Peut-être qu'à force d'en parler et de dénoncer le manque d'intérêt des décideurs québécois, pourrons-nous arriver à modifier les mentalités et renverser les positions?

Voici les commentaires que j’ai affichés à la suite du billet signé aujourd’hui par Patricia Tessier:
Non seulement l’intérêt de l’administration Charest pour le Web 2.0 est-il inexistant, mais cette administration s’est prononcée contre les médias sociaux en mai dernier.

Un document rédigé en mai 2008 par Services Québec, obtenu par Zonegrippeaviaire.com par le biais de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, et intitulé «Les médias sociaux et la communication du risque», conclut:
«La majorité des applications du web 2.0 n’en sont qu’à leurs premières versions et comportent des lacunes importantes, notamment en matière de réglementation et d’éthique. Il est donc suggéré d’expérimenter «SANS TROP Y INVESTIR DE TEMPS ET ARGENT avant [qu’elles] aient atteint à la fois une plus grande maturité et une plus grande crédibilité.»
Le 17 juin 2008, M. Yves Pépin, directeur de la coordination de l’information et des mesures d’urgences de Services Québec, a déclaré que l’administration Charest ne reconnaîtrait pas la sphère du Flublogia, «parce que nous ne voulons pas avoir à reconnaître les autres médias sociaux.»

Cette décision va à l’encontre des recommandations du Centre de biosécurité et de bioterrorisme de l’Université de Pittsburg, aux États-Unis, qui sont pourtant mentionnées dans le document «Les médias sociaux et la communication du risque»:
«Une étude supportée par le National Center for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism (START) des États-Unis a démontré qu’en situation de crise telle une pandémie, l’engagement de la communauté peut augmenter les capacités des dirigeants à gouverner durant la crise, améliorer l’utilisation et la distribution des ressources disponibles durant la crise et réduire les pertes et l’impact engendrés par la crise(32). Cette étude recommande donc aux gouvernements de favoriser non seulement la consultation, mais aussi l’engagement de la collectivité à titre de partenaire complémentaire aux grandes organisations publiques, tant pour la préparation de la crise que pour la gestion de la crise elle-même.

En effet, selon l’article Community Engagement: leadership tool for catastrophic health event, l’infrastructure civique, - composée de la sagesse publique collective et de la capacité de la collectivité à résoudre des problèmes, des associations volontaires qui se forment spontanément à partir d’intérêts communs ou pour la protection du bien-être collectif, ainsi que des associations de services sociaux qui veillent au bien-être de divers groupes sociaux – est essentielle à la bonne gestion d’un événement de santé publique. La mise à profit des capacités de l’infrastructure civique implique l’instauration d’un dialogue structuré entre les autorités publiques et la communauté, l’implication de la communauté dans la résolution des problèmes liés à la préparation et à la gestion de la crise, et la participation de la communauté pour ce qui est des actions posées pour prévenir, gérer et régler la crise.» [Monica SCHOCH-SPANA et all. «Community engagement: leadership tool for catastrophic health events», Biosecurity and Bioterrorism: Biodefense Strategy, Practice and Science, vol. 5, no. 1, 2007, p. 1]
L’administration Charest met délibérément des bâtons dans les roues pour empêcher l’apport des médias sociaux dans des dossiers d’importance capitale pour le Québec, tels que les préparatifs en vue d’une pandémie.

Je suis persuadée que de nombreux autres domaines au Québec pourraient bénéficier d’un avancement notable, si seulement les autorités gouvernementales québécoises se donnaient la peine d’accepter le changement, et cherchaient à créer des ponts avec les communautés virtuelles utilisant la technologie Internet des médias sociaux pour s’impliquer dans la résolution de problématiques collectives.

Voilà de quoi je souhaiterais entendre parler pendant la campagne électorale

Paru le vendredi, 7 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


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A priori, je ne souhaite entendre parler de rien du tout lors de cette campagne, car la tenue de ces élections générales me rebute. Des élections en ce moment ne sont pas les bienvenues, et de toute évidence inutiles.

La présente campagne électorale ne me semble pas être fondée. Pourquoi des élections? L’avis des citoyens québécois, qui ne souhaitaient apparemment pas d’élections n’a pas été écouté. Qui en effet aurait voulu d’une élection, après avoir dû digérer une campagne électorale fédérale, ainsi qu’une longue et enivrante campagne présidentielle chez nos voisins du sud (alors que nous savons à l’avance que notre campagne québécoise n’aura sans doute qu’un goût insipide)? Des élections, nous en avons soupé! Qu’à cela ne tienne, le premier ministre Jean Charest n’en a fait qu’à sa tête. Il ne s’est pas non plus attardé sur un léger détail: la dépense de 83 millions de dollars, nécessaires pour caresser son rêve d’élection, et ce en pleine crise économique mondiale. Le sociologue Pascal Bruckner dirait sans doute de M. Jean Charest qu’«il fait chaque jour de la démocratie, comme Monsieur Jourdain de la prose». [La Mélancolique démocratie] Une dépense de 83 millions de dollars (correspondant à la tenue de ces élections) est scandaleuse.

L’hypothèse de M. Charest qu’il faille un gouvernement majoritaire pour affronter la présente crise économique ne tient pas tellement la route. Au niveau fédéral, n’avons-nous pas un gouvernement minoritaire? Michel C. Auger écrit dans les Carnets de Radio-Canada: «De toute évidence, ce n'était pas ce que croyait M. Charest quand il a passé le plus clair de l'automne à manoeuvrer de manière à peine voilée pour que Stephen Harper n'obtienne pas sa majorité.»

Le véritable but caché de ces élections semble donc être ailleurs. Peut-être du côté de la personnalité du premier ministre? Davantage de franchise concernant les véritables buts de ces élections aurait été non seulement bienvenu, mais de toute évidence essentiel.

LES RÉELLES PRÉOCCUPATIONS
Alors, ce que je souhaiterais entendre le plus lors de cette campagne serait le reflet des réelles préoccupations des Québécoises et des Québécois. Et je sais pertinemment que cela n’arrivera pas.

Pourquoi? Si je me fie à ma propre expérience, les préoccupations des citoyens ne sont pas écoutées ni entendues par le gouvernement du Québec. J’ai pu le constater, en tentant de faire valoir l’apport positif de la participation de la communauté virtuelle Zonegrippeaviaire.com, dans le dossier des préparatifs pandémiques. Je me suis heurtée à une palissade de déni et d’ignorance. J’ai vu les citoyens monologuer seuls, parce que l’administration Charest a refusé de descendre de sa tour d’ivoire, se mettre au niveau de la population, en entamant un dialogue avec les gens à propos de leurs réelles préoccupations concernant une pandémie. La reconnaissance du rôle des médias sociaux en général, et en particulier en ce qui a trait à la préparation à une pandémie, aurait été non seulement la bienvenue, mais de toute évidence essentielle.

La tendance et les marchés, qui sont présentement formés [par les médias sociaux], sont les effets de la répression d’une liberté humaine au fil du temps, qui a désormais trouvé les moyens de s’exprimer librement et sans contrainte. Paul Gillin, dans son livre “The New Influencers“, parle de 150 années de répression qui ont pris fin grâce à l’avènement des médias sociaux. Nous pouvons désormais être connectés à n’importe qui et n’importe où sur la planète par le simple clic d’une souris. Nous pouvons désormais nous exprimer librement sans l’influence des institutions. Notre capacité à nous exprimer et à nous connecter a maintenant créé les moyens de discuter et d’être entendus. Nous avons finalement trouvé la voie qui nous permet d’avoir des conversations ouvertes et authentiques, ce qui a été compromis depuis des décennies.

Il me semble que le gouvernement du Québec aurait dû être plus ouvert à ce mouvement, et qu’il aurait dû faire quelque chose pour démontrer qu’il était capable d'entrer dans l'ère du Web 2.0 et accepter le changement. Encore là, aurait-il fallu qu’il soit à l’écoute des citoyens, ce qui n’est apparemment pas tout à fait dans les cordes du chef. Il semblerait donc que les hauts fonctionnaires du gouvernement du Québec que j’ai rencontrés se sont alignés sur le modèle de leur chef: c’est-à-dire qu’ils se sont enfoncés dans le mutisme et ont coupé les cordons de la communication avec les citoyens. Une oreille plus attentive aux préoccupations exprimées des citoyens aurait été non seulement la bienvenue, mais de toute évidence essentielle.

Un dialogue véritable avec les citoyens aurait été non seulement le bienvenu, mais de toute évidence essentiel.


L’annonce précipitée, à la veille du déclenchement des élections, d’un investissement dans l’économie sociale, était d’un ridicule confondant. La déclaration suivante, «l'économie sociale au Québec, c'est quelque chose de vital», sonne faux. Le présent plan gouvernemental pour l'entrepreneuriat collectif ne souffle pas mot au sujet des médias sociaux et ne reconnaît pas la contribution «actuelle et potentielle» de la capacité sociale que constitue le développement du Web 2.0. La création d'un programme de développement des secteurs émergents aurait été non seulement la bienvenue, mais de toute évidence essentielle.

LES RÉELS ENJEUX
Ne pas écouter les préoccupations des citoyens est une chose. Ne pas être au courant de ce qui se passe de par le monde, et de quelle manière le Québec se positionne par rapport aux progrès mondiaux, en est une autre. Pour de nombreux dossiers, il est possible d’observer que le Québec s’enlise dans l’inaction et laisse filer d’innombrables occasions d’innover, d’être à la fine pointe des nouveautés, de se développer et de se positionner en leader mondial.

Dans le dossier des préparatifs pandémiques, je réalise que ma liste de souhaits est tellement longue que je ne sais par quel bout commencer! Aborder les défis des préparatifs pandémiques lors de la campagne électorale aurait été non seulement bienvenu, mais de toute évidence essentiel.

En premier lieu, je crois que j’aurais souhaité davantage de leadership. J’aurais souhaité aussi davantage de démonstration de convictions. On sent très bien que le gouvernement du Québec ne semble pas croire qu’une pandémie se déclenchera un jour. Davantage de sensibilité et de leadership auraient été non seulement les bienvenus, mais de toute évidence essentiels.


J’aurais souhaité que le Québec reconnaisse que la menace d'une pandémie est demeurée inchangée depuis 2003, et qu'il prenne exemple sur l’Union européenne, en déclarant que la menace pandémique supplante toutes les autres menaces. La reconnaissance qu’une pandémie est la menace No. 1 à la nation aurait été non seulement la bienvenue, mais de toute évidence essentielle.

Bien entendu, étant donné que je travaille dans le domaine des communications, j’aurais souhaité davantage de communications avec la population sur les enjeux et la menace réelle d’une pandémie. J’aurais souhaité que les gestionnaires chargés des communications soient plus innovants, et que les outils de communication concernant une pandémie soient mieux gérés.

J’aurais souhaité que la coordination interministérielle de gestion de pandémie soit en premier lieu visible, transparente et présente auprès des citoyens.

J’aurais souhaité un réel effort et un intérêt marqué venant de la part du plus haut niveau du gouvernement envers les questions de préparatifs pandémiques. La nomination d’un tsar de pandémie et la création d’un bureau de pandémie auraient été non seulement les bienvenues, mais de toute évidence essentielles.


J’aurais souhaité que soit développée une réelle collaboration avec les citoyens dans la gestion de pandémie. J’aurais souhaité que le gouvernement estompe la frontière entre l’administration et la population, et que des projets soient développés, incorporant les citoyens dans le processus de planification et de préparation de pandémie. Faire confiance à la sagesse publique collective et à la capacité de la collectivité à résoudre des problèmes dans le dossier des préparatifs pandémiques, aurait été non seulement bienvenu, mais de toute évidence essentiel.

Favoriser non seulement la consultation, mais aussi l’engagement de la collectivité à titre de partenaire complémentaire auprès des grandes organisations publiques, tant pour la préparation de la crise que pour la gestion de la crise elle-même, auraient été non seulement les bienvenus, mais de toute évidence essentiels.

J’aurais souhaité qu’il y ait davantage de femmes impliquées dans des hauts niveaux de décision, en ce qui concerne les préparatifs pandémiques. Le blogueur Jay Deragon (A Relationship Economy) a expliqué: «Il est difficile pour les leaders, principalement les leaders de sexe masculin, à la fois d’admettre et de composer avec efficacité avec les choses ‘intangibles’, parce que les éléments fondamentaux des solutions appropriées sont essentiellement orientés socialement. Le top dix des défis et solutions ‘sociales’ exigent la coopération, la collaboration, le consensus et la gestion des «processus des gens». La plupart des entreprises souffrent aujourd’hui de division sociale, interne et externe, entre les gens, les besoins et les progrès.» Un des plus grands défis des préparatifs pandémiques concernera l'un des nouveaux volets des préparatifs multisectoriels, la planification sociale: «Des études ont confirmé que la traduction de la prise de conscience et de la connaissance sous la forme d’une modification efficace du comportement reste un défi.» (Synopsis, paragraphe 18). Davantage de femmes impliquées dans les hautes sphères des préparatifs pandémiques auraient été non seulement bienvenu, mais de toute évidence essentiel.

Réaliser que le Québec est un «suiveux», et non pas un leader mondial, me fait réellement mal au cœur. J’aurais souhaité que les autorités fassent preuve d’innovation, en allant au-devant des nouvelles sur le développement des virus à potentiel pandémique et des maladies émergentes, et qu'il entre en compétition avec les meilleures nations qui se hissent au palmarès des plus avancées en termes de préparatifs pandémiques. Davantage d’audace et de créativité auraient été non seulement les bienvenues, mais de toute évidence essentielles.

Constater que nos plans de pandémie sont désuets et qu’il n’existe ni volonté ni mécanisme pour les mettre à jour, me désole également. Constater que notre planification de pandémie manque gravement de mise en pratique et que le Québec n'effectue pas suffisamment de simulations de pandémie est alarmant. Réaliser que nos vies, en tant que citoyens, sont en danger face à la menace pandémique, en raison du manque actuel de préparatifs pandémiques dans notre société, me révolte. Accepter de baisser les bras, en sachant que les projets et la communauté virtuelle, qui seraient en mesure de faire une différence pour que progressent les préparatifs pandémiques, sont ignorés: cela j’en suis incapable. Davantage de discernement et de vision auraient été non seulement les bienvenus, mais de toute évidence essentiels.

Mettre à profit des capacités de l’infrastructure civique, implanter l’instauration d’un dialogue structuré entre les autorités publiques et la communauté, permettre l’implication de la communauté dans la résolution des problèmes liés à la préparation et à la gestion de la crise, susciter la participation de la communauté en ce qui concerne des actions posées pour prévenir, gérer et régler la crise que constituera une pandémie, auraient été non seulement les bienvenus, mais de toute évidence essentiels.

Les Français innovent avec l'expo "Epimemik"

Les Français innovent avec l'expo "Epimemik" et sensibilisent le public aux défis d'une pandémie

Paru le vendredi, 7 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com




Cinamon nous informe aujourd'hui dans Zonegrippeaviaire de la tenue d'une exposition vraiment emballante, en affichant ce lien pointant sur la Cité des sciences de Paris à propos de "Epidemik, l'exposition contagieuse".

Tout d'abord, je tiens à mentionner que l'architecture époustoufflante du site de la Cité des sciences et de l'industrie me fait penser à l'Exposition universelle de 1967, qui a eu lieu à Montréal. On y trouve notamment un dôme géodésique.


Géode et Cité des Sciences, Paris, France

Quoi de mieux qu'une exposition pour sensibiliser le public aux défis d'une pandémie? Les Français ont réalisé un tour de force en intégrant les problématiques de santé publiques liées aux épidémies ou pandémies dans une exposition destinée au grand public.

Voici comment le Musée décrit l'exposition:
"Épidémik met en scène les épidémies passées et à venir. Celles qui ont marqué l'histoire de l'humanité et celles qui menacent. Elle donne à comprendre les enjeux sanitaires, sociaux, économiques et politiques soulevés par les crises épidémiques et le rôle que chacun, citoyen ou décideur, peut jouer pour prévenir et lutter contre ces maladies. Épidémik revisite en images l'histoire qui unit les épidémies et les hommes (1re partie de l'exposition), puis elle plonge ses visiteurs dans un jeu de simulation de crises épidémiques contemporaines (2e partie de l'exposition)."
Le lien affiché par Cinamon pointe vers ce communiqué:
Grippe à Singapour, 2015
Cité des sciences.fr

Singapour, 2015. Un nombre élevé de cas mortels de grippe a été relevé en Asie. Ils sont dus à un virus de type H5N1 humanisé. L’épidémie s’étend et menace Singapour!

Sur le plateau de jeu, vous êtes citoyen ou décideur. Dans les deux cas, il faut lutter contre l’épidémie.

Citoyen, vous devez survivre à l’épidémie. Parviendrez-vous à obtenir un diagnostic de votre état de santé avant que tous les médecins de la ville ne soient débordés? Laisserez-vous votre place aux personnes fragiles dans l’accès aux premiers vaccins, ou bien exigerez-vous un tirage au sort?

Décideur, vous devez définir une stratégie pour gérer la crise. Choisirez-vous de distribuer des médicaments préventifs, alors que le virus peut développer des résistances et rendre ces traitements inefficaces? Allez-vous réquisitionner tout le personnel médical pour assurer les soins, et l’exposer du coup aux risques d’infection?
Les rôles que nous propose cette exposition sont bien campés: en tant que citoyen, il faut arriver à survivre. En tant que décideur, il faut ramer et manoeuvrer dans une crise majeure, et faire des choix difficiles. Il s'avère que mesurer les enjeux d'une pandémie est tout un art, et seuls une poignée d'États du monde ont réussi à développer une planification sophistiquée, en favorisant des approches novatrices. Pas plus tard que cette semaine (lundi 3 novembre), le coordonnateur des Nations Unies pour la grippe, le Dr David Nabarro, soulignait que les plans sur papier ne sont pas suffisants: "En prévoyant pour une préoccupation extraordinaire comme l'influenza pandémique, ce n'est pas assez d'avoir écrit un plan et de l'avoir fait endosser par tout le monde. Vous devez également le vérifier, le tester et vous assurer qu'il fonctionne, et ensuite le réviser sur la base de l'assimilation."

David Nabarro a également indiqué que sur les 148 pays qui ont fourni des données dans le cadre du 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de la grippe aviaire (Responses to Avian Influenza and State of Pandemic Readiness: Fourth Global Progress Report), à propos de leurs plans et leurs stratégies en vue d'une pandémie, 53% des nations avaient testé leurs plans au cours de la dernière année, et que seulement un quart d'entre elles avaient effectué des simulations à tous les niveaux de leur gouvernement. Moins de 40% ont démontré avoir incorporé les leçons apprises lors des simulations de pandémie.

À mon avis, chaque État du monde devrait déployer une équipe composée de décideurs, planificateurs de mesures d'urgence, et même de quelques citoyens, à la Cité des sciences de Paris en France, pour visiter cette exposition et s'amuser quelques heures dans l'un ou l'autre des rôles (citoyen et décideur). Car autant les choses ne sont pas simples pour les décideurs, imaginez ce que ce sera pour le citoyen, qui sera confronté à l'impératif suivant: Survit ou crève. Les membres de l'équipe pourraient s'assurer de tenir les deux rôles dans cet exercice d'exposition-simulation. Une fois cela complété, les équipes pourraient ensuite se réunir pour discuter de leur visite et analyser d'après les expériences et réflexions recueillies, s'il n'y aurait pas lieu d'apporter des mises à jour à leurs plans de lutte actuels.

Que j'aimerais visiter cette exposition! Amis parisiens, laissez-nous savoir ce que vous en pensez si vous y allez.

Faute de ne pouvoir se déplacer à Paris, en guise de mince consolation, nous pouvons toujours jouer au Quizz épidémique de l'exposition "Epidemik".

Réjean Hébert serait-il en mesure de jauger les défis d'une préparation multisectorielle de pandémie?

Paru le vendredi, 7 novembre 2008, dans la Gazette de Zonegrippeaviaire.com


Le Dr Réjean Hébert. Photo source

Les électeurs québécois ont été appelés aux urnes par le premier ministre Jean Charest, qui a invoqué le 5 novembre dernier le besoin de stabilité politique et économique pour justifier ces élections.

Jean Charest tentera de convaincre les Québécois qu'il s'agit du véritable motif d'un déclenchement hâtif d'élections, alors qu'en réalité, ce serait plutôt parce que les sondages lui ont été favorables jusqu'à maintenant... Toutefois, un sondage réalisé du 16 au 26 octobre 2008 a révélé que l'avance libérale avait légèrement fondu. Le sondage Crop d'octobre 2008 indique que les intentions de vote étaient les suivantes, peu de temps avant le déclenchement des élections.

La statue de Maurice Duplessis devant l'Hôtel du Parlement, à Québec.

S'il obtient un troisième mandat, Jean Charest réussira un exploit encore jamais accompli depuis Maurice Duplessis: obtenir un troisième mandat d'affilée. Ce nom de Duplessis me donne la chair de poule, car il évoque également l'expression "Grande Noirceur".

Mais je disgresse... Donc les Québécoises et Québécois sont plongés dans une AUTRE élection générale. De nouvelles têtes de politiciens se profilent à l'horizon. Parmi le lot de candidats, Réjean Hébert fait le saut en politique, et pourrait s'avérer intéressant à suivre, pour nous "flubies" passionnés par les questions de pandémie et de préparatifs pandémiques.

Réjean Hébert a une formation en épidémiologie et a géré à titre de doyen le département de médecine familiale de la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke.

Dans une vidéo d'investiture de la circonscription de Saint-François pour le Parti Québécois, il indique que pour un dossier relatif aux conditions de vie des aînés, mis sur pied par la ministre Marguerite Blais, il a trouvé que le plan d'action fut modeste et "sans aucune mesure correspondant à l'ampleur des défis et aux attentes suscitées par la consultation."

Un article de Radio-Canada indique également: "Le Dr Hébert, qui déplore l'attitude du gouvernement Charest à l'égard de la privatisation des soins de santé, a notamment cosigné la Déclaration de Montréal, en août dernier, avec plusieurs collègues. Les signataires se disaient grandement inquiets par l'ouverture au secteur privé réalisée par le gouvernement libéral actuel."

Le dossier de pandémie est encore plus gigantesque que celui de la condition de vie des aînés. Une pandémie pourrait infecter au moins 35 pour cent de la population mondiale (et donc aussi du Québec). Une pandémie pourrait coûter 3000 milliards de dollars, d'après la Banque mondiale.

La formation en épidémiologie, les capacités de gestion, et l'apparente sensibilité du Dr Réjean Hébert aux conditions de vie et de santé des gens, sont-ils des éléments qui pourraient faire en sorte que ce monsieur arrive à jauger les gigantesques défis associés à la gestion de pandémie? Parmi les décideurs et planificateurs de mesures d'urgence du Québec, peu de personnes ont réussi à ce jour à comprendre quels sont les véritables enjeux d'une pandémie.

J'ai beaucoup parlé de la nécessité d'un tsar de pandémie au Québec (et pour chacune des nations par ailleurs), pour coordonner toutes les actions devant être mises en oeuvre pour préparer les Québécoises et les Québécois à une pandémie. Avec la publication du 4e Rapport intérimaire mondial sur la gestion de pandémie (voir le Synopsis en français), qui recommande désormais une planification multisectorielle (sociale, économique et politique), en plus du secteur traditionnel de la santé, je pense plus que jamais qu'un tsar de pandémie pourrait arriver à implanter une préparation suffisante pour nous faire traverser une pandémie sans trop de souffrance, dommages collatéraux, économiques et politiques.

Retenons notre souffle jusqu'au 8 décembre prochain, pour voir la suite des événements, et espérons qu'une vision éclairée puisse prochainement émerger des politiciens(nes), afin de lancer dans les meilleurs délais une nouvelle ronde de préparatifs, cette fois-ci multisectoriels (social, économique et politique) en vue d'une pandémie d'influenza.
 
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